I UNE EPREUVE SPORTIVE
Un entretien d’embauche est bel et bien une épreuve quasi sportive. Dans le feu de l’action, beaucoup se sentent au mieux de leur forme, s’étonnant presque d’avoir les pensées aussi claires et de s’exprimer avec autant de facilité. Galvanisés par un stress, ils sont capables d’exploits, comme en sport.L’épreuve terminée, il n’est d’ailleurs pas rare qu’ils s’effondrent, ressentant une extrême fatigue. L’entretien d’embauche est éprouvant. La comparaison avec le domaine de l’exploit sportif doit être poursuivie jusqu’au bout : cet exercice réclame à la fois un solide entraînement, un bon état physique. Pas question d’arriver au rendez-vous si vous êtes malade, le ventre vide, ou si vous traversez une grave dépression nerveuse.
Vous devez être en possession de tous vos moyens pour affronter cette épreuve qui est plus subjective que l’on croit :
Les meilleurs candidats ne sont pas forcément ceux qui ont les meilleures capacités ou sont les plus qualifiés, mais ceux qui ont fait la meilleure impression à l’entretien.
II LA DIMENSION PSYCHOLOGIQUE DE L’ ENTRETIEN
Ne pas se préparer psychologiquement à l’entretien conduit à s’exposer aux aléas de la situation. On ne rend pas à un entretien sans une analyse de soi consistant en une série de questions à se poser :A / La découverte de soi
1. Qui suis je ?«Racontez-nous qui vous êtes ?» est une question souvent posée lors de l’entretien. Nombreux sont les candidats qui se dévalorisent à ce stade. Il est important de déterminer à l'avance ce que vous recherchez et ce qui, dans votre caractère, votre personnalité, votre expérience, vos hobbies et votre formation, fait de vous la personne idéale pour le poste.
2. Quels sont mes atouts ?
Faites le point sur votre éducation, votre formation, vos expériences professionnelles (dont jobs d’été ou associatifs..) - ainsi que sur vos capacités relationnelles et de communication. Etablissez une liste de vos points forts, appuyés d’exemples, en faisant en sorte qu’ils correspondent aux exigences du poste.
3. Quels sont mes points faibles ?
On ne confesse pas souvent ses faiblesses dans la vie quotidienne, mais un recruteur peut se montrer insistant. On doit présenter une liste claire et brève de ses faiblesses tout en démontrant que ce sont des axes de progrès, dans la mesure où on les a déjà identifiés et que l’on y travaille. Une faiblesse peut devenir un atout.
4. Qu’est ce que je recherche / de quel travail ai-je envie ?
Vos priorités familiales et personnelles, votre projet professionnel sont les critères selon lesquels vous choisissez les annonces d’emploi, faites le point sur vos critères.
Demandez-vous à quelles conditions doit répondre le « job » souhaité. Pourquoi avoir postulé pour tel poste au sein de telle entreprise? Qu'est-ce qui vous attire dans la fonction proposée et dans le secteur d'activité de l'entreprise?
5. Quel environnement de travail dois je rechercher ?
Des différences importantes existent à travers l'atmosphère de travail et à la culture d'entreprise des UC. Il est important d'être conscient du type de rapport entre collègues et du climat de travail de l'entreprise. Ces éléments peuvent être découverts au travers des sites web des entreprises, d’articles dans la presse professionnelle, de témoignages d’ami, d’ex camarade de promo..
Les expériences partagées entre étudiants montrent des différences sensibles quant à l’univers de travail en distribution ou en agence. Il faut communiquer de façon informelle sur ces points entre étudiants au cours de la formation.
6. Grille d’auto diagnostic
Personnalité :
- Imagination
- Créativité
- Capacité à innover
- Ouverture d'esprit
- Adaptabilité
- savoir se remettre en cause
- savoir maîtriser l'échec et la frustration
- savoir se mettre à la portée des autres
- Dynamisme
- Savoir communiquer, animer, écouter
- Savoir négocier
- Savoir organiser/savoir s'organiser
- Savoir décider/agir
- Etre autonome
- Autres (citer) :
- Techniques
- Gestion d'entreprise
- Conduite de projet
- Management/Animation d'équipe
- Autres (citer) :
- Etre indépendant
- Gagner de l'argent
- Goût du pouvoir
- Statut social
- Transmettre une situation aux enfants
- Goût du risque
- Rester ou retourner dans sa région
- S'installer dans une région qu'on aime
- Saisir une opportunité
- Travailler en famille
- Difficultés professionnelles
- Vouloir réaliser
- Vouloir prouver
- Autres (citer) :
- Argent
- Environnement familial (disponibilité)
- Santé
- Temps
- Réseau relationnel
- Savoir-faire/Compétences
- Lois et règlements
- Connaissance du marché
- Autres (citer) :
B / Evitez l’image de demandeur
La position de demandeur d’emploi est peu valorisante et parfois déstabilisante. On n’accorde pas un job selon le degré d’apitoiement du recruteur. Dans le cadre d’une embauche, vous êtes "l’apporteur" de compétences que l’entreprise demande. Pensez donc "prise de contact" bilatérale plutôt qu’entretien unilatéral, et préparez-vous à choisir l’entreprise autant qu’elle vous choisit.Pensez "dialogue" : l’entretien d’embauche est aussi l’occasion pour l’entreprise de découvrir un bon candidat et de vérifier l’adéquation de ce candidat avec le poste proposé. Même si votre interlocuteur joue l’inquisition, dites-vous bien que c’est de discussion dont il est question. Soyez à l’écoute, réactif(ve), curieux(se), intéressé(e). Questionnez (cf IV - III... ).
Les cabinets de recrutement disent, à propos de l’entretien "idéal" : 70 % d’écoute, 30 % d’émission. Pour un entretien d’une heure, vous devriez donc écouter durant plus d’un quart d’heure.
C / ….Mais attention à la méthode Coué
Gare aux excès ! Durant l’entretien n’évoluez pas en terrain conquis. Dites vous "Je suis un killer !" devant le miroir de la salle de bain pour vous donner confiance si vous le souhaitez mais gardez le sens des réalités….Votre diplôme peut être un plus pour le recruteur s’il est en accord avec le profil recherché mais lors de l’entretien c’est surtout la personnalité qui est jugée.. Sur ce terrain-là, vous allez devoir faire vos preuves au cours, justement, de la prise de contact. A ce jeu un peu d’humilité et le sens de la mesure seront des qualités vraisemblablement appréciées par votre interlocuteur
III ETRE COMMUNIQUANT A L’ ENTRETIEN
Quand vous rencontrez une personne pour la première fois, vous vous faites, dans la minute, une certaine idée d'elle. Lors d'un entretien d'embauche, votre interlocuteur se fie également à ses premières impressions. Votre tenue vestimentaire, votre attitude, votre poignée de main, votre ponctualité, voire même votre manière de bouger (en particulier bras et jambes) sont notées avec acuité par le recruteur. Il est primordial que vous vous arrêtiez à ce qu'exprime votre langage non-verbal.A / Le langage non verbal
La tenue & présentation
Faut il nécessairement être en costume cravate (hommes) ou en jupe plissée / col claudine (femmes) le jour de l’entretien ? Il n’y a pas de réponse toute faite. Mais :- Adaptez votre tenue vestimentaire au genre d'entreprise et de fonction que vous sollicitez. S'il s'agit d'une fonction à l'extérieur, le recruteur attachera plus d'importance à votre apparence et à votre comportement.
- Quelle que soit la tenue que vous portez, pensez à vous sentir à l'aise dans vos vêtements. Si vous n'êtes pas à l'aise en jupe et perchée sur des hauts talons, préférez le pantalon. Si porter une cravate vous rend fou, abandonnez l'idée et portez simplement une chemise habillée.
Souriez
L'intervieweur regardera toujours d'abord le visage du candidat. Souriez lorsque vous vous saluez. Ainsi vous ferez d'emblée une impression positive : montrez que vous êtes heureux d’être là..Il faut songer aussi à sourire tout au long de l'entretien. Si vous ne le faites pas, vous donnerez l'impression d'être stressé et peu sûr de vous.
Pensez aux autres mouvements et signes qu'exprime votre visage. Si l'intervieweur fait une proposition qui ne vous plaît pas, évitez de froncer les sourcils. Car ce simple mouvement des sourcils équivaudrait à dire, par exemple : " Quoi ? ", ou " ah ! c'est ainsi que cela se passe ici… ", mais tout dépend de la situation, car si le courant passe bien, un léger froncement des sourcils peut justement montrer que vous vous sentez concerné.
Essayez de mêler un peu d'humour à la conversation. Il faut savoir accorder les violons et renvoyer la balle aussi bien par rapport à la situation qu'à l'intervieweur.
La poignée de main
La manière de serrer la main en dit long sur ce que l'on tente de cacher. Si vous présentez votre main la paume vers le bas, cela voudrait dire que vous avez un tempérament dominant. Si vous présentez la main avec un bras raide, cela signifie que vous tenez à garder l'autre en dehors de votre cercle intime. Présenter la main le bras tendu et la paume vers le bas oblige en quelque sorte celui qui la reçoit à se mettre en position subordonnée. Le contraire est vrai aussi.La plupart des gens apprécient une poignée de main vigoureuse. Une main molle ou une poignée de main qui effleure à peine le bout des doigts de l'autre sont généralement perçues comme désagréables. Une main flasque peut donner l'impression d'un caractère mou. Le bout des doigts qui se défilent pourrait indiquer une forme de timidité.
Serrez donc vigoureusement la main lors de la rencontre avec votre intervieweur. Bon, si votre intervieweur est un homme mesurant 2 m (de plus que vous), vous pouvez évidemment mettre plus de pression. Si vous n'avez aucune idée de l'effet que produit votre poignée de main, demandez à vos amis d'en faire l'expérience avec vous.
Regardez votre partenaire dans les yeux lorsque vous lui serrez la main et déclinez en même temps votre nom.
N'oubliez pas de serrer à nouveau la main lorsque vous prenez congé
S’asseoir
Veillez à ce que votre intervieweur vous précède, lorsque vous vous dirigez ensemble vers le lieu de l'entretien (à moins bien sûr qu'il/qu'elle ne tienne la porte pour vous laisser passer devant).Il vous indiquera généralement un siège dans lequel vous pourrez vous asseoir. Généralement, les parties d'un entretien d'embauche vont s'asseoir l'une en face de l'autre. Elles peuvent se regarder en face et maintenir une distance suffisante pour ne pas donner l'impression qu'il s'agit d'une conversation amicale entre collègues.
Le regard
Regardez votre partenaire en face. Cela ne signifie pas que vous deviez fixer l'autre, car vous pourriez l'indisposer. De même que, si votre regard se défile constamment, vous mettez l'autre mal à l'aise car vous lui indiquez que vous n'êtes pas sûr de vous, que vous voulez lui cacher quelque chose ou que vous êtes en train de mentir.En présence de plusieurs intervieweurs, vous devez regarder chacun d'eux à temps égal. Vous commencez par la personne qui vous a posé une question, puis vous regardez chacun des autres à tour de rôle.
Ne détachez pas votre regard tant qu'une question n'est pas parfaitement énoncée. Si vous vous permettez de regarder ailleurs après 2 mots, vous donnerez l'impression que vous n'écoutez pas ou que cela ne vous intéresse pas.
Le fait de regarder l'autre peut être une façon d'imprimer une sorte de rythme à vos mots. Regarder l'autre en face ou esquiver son regard sont des moyens d'accentuer certains mots, voire de suspendre un instant votre réflexion.
En regardant l'autre, vous échangez des impressions. Il est donc important d'acquiescer de temps en temps à ce qu'il vous dit. Si vous tenez la tête penchée, c'est le signe que vous êtes tout ouïe et que le discours vous intéresse.
L’attitude
La plupart des candidats démarrent l'entretien de manière un peu raide et tendue. Ils sont assis bien droit sur leur siège, adossés au dossier. C'est la conséquence de la nervosité. Mais Ne restez pas figé et immobile. Au fur et à mesure vous vous sentez plus à l'aise, et cela peut se voir dans votre attitude. Vous pouvez vous laisser aller, changer de position, faire des gestes, vous pencher en avant....Tenez compte de votre interlocuteur. S'il gesticule beaucoup, il sera insensible à ce que vous changiez de position régulièrement. S'il est du genre placide, ne vous balancez pas trop sur votre chaise, car il se pourrait qu'il déteste les gens hyperactifs.
Allongez votre silhouette quand vous vous tenez debout ou que vous marchez. Si vous abordez la vie le dos courbé et les épaules voûtées, votre état d'âme s'en ressentira.
Les membres
Vous êtes observé… Ne croisez pas les bras. Ce geste envoie un message défensif à vote interlocuteur. Les bras croisés forment une barrière entre vous et les autres. Elle peut vous donner une impression d'assurance, mais l'effet produit est résolument négatif. A éviter.Posez vos bras souplement sur vos genoux ou sur la table. Si vous n'y arrivez pas, prenez quelque chose en main. Un stylo, une carte de visite, un verre d'eau ou un badge de visiteur peuvent faire l'affaire. Mais n'en faites pas un jouet, vous détourneriez l'attention de votre interlocuteur.
Vous pouvez vous servir de vos mains pour faire des gestes, pour accentuer certains aspects. Mais, pas trop de théâtre.
Ne négligez non plus la position des jambes et des pieds. Remuer du pied ou des jambes ne passe pas inaperçu. Contrôlez-vous et attendez d'être sorti pour vous dérouiller les jambes.
B / Ton et message
Votre entretien doit être :Interactif : Vous ne devez pas toujours monopoliser la parole. De même le recruteur ne doit pas se sentir seul dans la pièce.
Dynamique : Ne laissez pas de blanc pendant la discussion. C'est la raison pour laquelle vous devez avoir en tête plusieurs questions à poser au recruteur
Organisé : le recruteur à l'initiative du départ. Il commence généralement par vous exposer les missions du poste puis vous questionne sur votre cursus professionnel, l'entreprise, vos motivations.. (cf plus bas).
Limité dans le temps : Si le recruteur accorde 30 minutes à votre entretien il faut que vous soyez synthétique et clair. Ne vous attardez pas sur des détails qui n'ont pas d'importances.
Votre entretien se déroule selon un plan répandu :
Accueil : Dès que le recruteur vous reçoit saluez le "en prononçant son nom de famille".
Présentation de l'entreprise et du recruteur : Le recruteur se présente ainsi que l'entreprise. Il présente les missions du poste.
Vous vous présentez Le recruteur vous demandera de vous présenter, ce qui ne se restreint pas à votre nom de famille. Il faudra parler de votre parcours professionnel et scolaire en justifiant les choix de carrières.
Les questions : Le recruteur peut revenir sur votre parcours, puis vous interroger sur différents aspects de vos qualités, défauts, aptitudes pour le poste. Il peut aussi essayer de vous déstabiliser par des questions un peu personnelles, voire "agressives". Restez calme.
Vos questions : Vous êtes ensuite invité à poser des questions. A priori vous les avez préparées car le fait d'interroger votre interlocuteur lui montrera votre motivation pour le poste et pour l'entreprise. (cf plus bas).
Conclure : Le recruteur conclue l'interview. Il vous informe des prochaines étapes du recrutement: date du prochain rendez-vous et date de la réponse qu'il vous fera parvenir. Ne demandez pas un bilan immédiat de l’entretien. Saluez votre interlocuteur, toujours en le nommant.
Les questions à poser :
- Quels sont les projets immédiats pour l'entreprise ?
- Quelle est la place précise de la fonction proposée dans l'organigramme de la société ?
- À qui devrais-je rendre compte de mon travail et qui devrais-je superviser à mon tour ?
- Pourquoi la fonction est-elle vacante ?
- L'entreprise connaît-elle beaucoup de changements dans le personnel ?
- Quelle est la suite de la procédure d'embauche ? Quelle est la hiérarchie de décision ? Y a-t-il d'autres tests ou entrevues ?
- Devrais-je suivre une formation au début, et si oui, pendant combien de temps ?
- Pourrais-je suivre des formations supplémentaires en plus de la formation de base ?
- Y a-t-il des opportunités de progresser au sein de l'entreprise ?
- Puis-je rencontrer les gens avec lesquels je devrai peut-être collaborer ?
- Quelles sont les perspectives d'évolution de la fonction ?
- Y a-t-il également des commissions ?
- Y a-t-il des possibilités de formations de perfectionnement au sein de l'entreprise ?
- Le contenu du travail pourrait-il subir de profonds changements à l'avenir ? Dans quel sens ?
- Pourquoi avez-vous choisi telle formation?
- Comment expliquez-vous l'incohérence dans votre cycle d'études?
- Si vous pouviez recommencer vos études demain, reprendriez-vous la même orientation? Pourquoi (pas)?
- Quel genre d'étudiant étiez-vous?
- Que savez-vous sur notre entreprise?
- Pourquoi notre entreprise vous intéresse-t-elle?
- Qu'est-ce qui vous attire dans la fonction proposée?
- Quelle est l'image que vous avez de notre entreprise? Pouvez-vous l'expliquer plus en détail?
- Pourquoi désirez-vous quitter votre travail actuel?
- Comment voyez-vous l'évolution de votre carrière?
- Postulez-vous également dans d'autres entreprises?
- Êtes-vous prêt à suivre des formations supplémentaires?
- Quelle était votre tâche exacte dans votre ancienne entreprise?
- Avec quel genre de personne avez-vous du mal à travailler?
- Citez trois de vos points forts et trois de vos points faibles.
- Avez-vous des problèmes avec l'autorité?
- Préférez-vous le travail d'équipe ou le travail indépendant?
- De combien de temps pensez-vous devoir disposer pour vous intégrer dans cette fonction?
- Pouvez-vous travailler selon un horaire flexible ou préférez-vous les horaires fixes?
- De quelles réalisations êtes-vous fier?
- Vous êtes jeune marié(e). Comptez-vous arrêter de travailler lorsque vous aurez des enfants? Avez-vous des projets en ce sens?
- Que faites-vous de vos enfants lorsque vous travaillez? Est-ce une solution temporaire ou définitive?
- Imaginons que vous obteniez cet emploi. Combien de temps comptez-vous rester? Quelles sont nos garanties pour savoir si vous travaillerez encore chez nous d'ici 4 ou 5 ans?
- Quel salaire de base espérez-vous pour ce poste?
- Sortez-vous beaucoup?
- Quel genre de lecture aimez-vous?
Auteur : Roland Le Stum, professeur coordonnateur d'Economie Gestion Commerciale
Source : http://espace.muc.free.fr/
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